Nous avons tous entendus un jour les termes de “dominance” et de “hiérarchie” relatifs aux chiens, mais que signifient-ils vraiment ? Par quoi sont régis les rapports sociaux chez le chien ? Nous allons répondre ensemble à ces questions, toujours épineuses dans l'univers canin !
On connaît le mythe du loup alpha au sein de la meute, qui défend sa place de dominant pour une raison mystérieuse, innée. Les études qui ont été effectuées pour construire ce mythe ont été réalisées sur des loups en captivité (qui ne se connaissaient même pas entre eux). Qui dit captivité et individus inconnus autour, dit stress : donc forcément, une défense des ressources accrue, notamment de la nourriture. Un loup en captivité ne se comporte pas de la même manière qu’en liberté où il n’est pas menacé.
Les loups ont des relations au sein d’une meute et disposent d’arrangements : ils se comportent dans une logique familiale d’entraide et de protection, pour assurer le bien-être et la sécurité de tous. Si la nourriture vient à manquer, il faut protéger la meute, et donc faire manger en premier les plus forts physiquement, mais dans une logique de protection collective et non individuelle.
Il existe néanmoins bien une organisation sociale au sein du “monde des chiens”, communément appelée “hiérarchie”. Cette hiérarchie existe chez toutes les espèces, elle est simplement organisée différemment d'une espèce à l'autre. Prenez 5 minutes pour réfléchir à l'organisation de votre travail ou à votre organisation familiale : les rôles sont répartis, généralement selon les compétences, pour tirer le meilleur de chacun et ainsi servir ce grand système qu'est l'entreprise ou la famille. C'est exactement pareil pour le chien.
La hiérarchie est une organisation sociale SAINE et bénéfique, articulée autour de 3 sujets principaux : la nourriture, le territoire et les relations sociales.
La logique familiale des loups est transposable au sein d’un groupe de chiens. Il n’y a pas de chien “dominant” ou “dominé” de façon générale : ce n’est pas un trait de caractère, car ce rapport peut s’inverser d’un duo de chien à l’autre. Il faut en revanche avoir un rapport clair entre les 2 chiens, qui peut s’inverser en fonction du thème (un chien peut être un leader concernant le territoire mais pas les relations sociales par exemple) : quand 2 chiens cherchent la même place hiérarchique, c’est là où des conflits peuvent éclater.
Qui plus est, rappelons que le dernier ancêtre entre le chien et le loup a au moins 15 000 ans. Le loup et le chien n'appartiennent pas à la même espèce, ils sont très d'ailleurs très différents physiologiquement. Le chien s'est rapproché volontairement de l'humain pour consommer des déchets alimentaires, en échange l'humain l'a domestiqué pour le faire travailler et profiter de sa compagnie. Nos rapports avec nos chiens ne sont pas régis par les mêmes règles.
Selon l'approche traditionnelle de la dominance, le chien serait guidé par le besoin irrépressible de dominer son propriétaire. Regardez 5 secondes Médor dans les yeux, et demandez-vous pourquoi il vous “dominerait”.
Le chien est un animal qui recherche le plaisir et évite tout ce qui pourrait lui nuire. Il n'a pas de notion morale de bien ou de mal. Il vit l'instant présent, et n'échafaude pas dans la nuit des plans machiavéliques pour dominer le monde. Il n'est pas intéressé par le pouvoir. La définition traditionnelle de la dominance est, en ce sens, purement anthropomorphique. A cause de toutes les connotations négatives rattachées au terme de “dominant”, je préfère parler de “chien leader”.
Revenons au fonctionnement du chien. Comme n’importe quel membre d’un groupe social, le chien a besoin de comprendre le fonctionnement de celui-ci. On s’assurera donc que la famille a fixé un minimum de règles de vie, la liste de celle-ci n’étant jamais exhaustive. A vous de trouver ce qui vous convient, les règles doivent avoir une utilité pour vous, tout en permettant au chien de s'épanouir. L’idée est que votre animal ne doit pas tout contrôler pour ne pas être l’”enfant roi”, sur les 3 problématiques de nourriture, territoire, relations.
Par exemple, Médor peut tout à fait dormir avec vous, tant que quelques endroits dans la maison restent interdits par exemple. Si votre chien contrôlait tout, cela ne serait pas confortable pour lui, ce serait comme avoir en permanence du monde à la maison en gérant tout : c'est épuisant !
Il est important que les familles ayant plusieurs chiens comprennent la hiérarchie entre leurs chiens et cherchent à la respecter, car elle est naturelle et bénéfique. Elle contribue à l'équilibre du groupe social. Par exemple sur le thème des relations, on fera attention à l'ordre avec lequel on caresse les chiens s'ils y sont sensibles, pour ne pas provoquer de problème inutilement. On cherchera à ne pas perturber l’ordre de sortie de la pièce si une règle tacite a été fixée naturellement. On peut aussi distribuer le repas dans des pièces séparées, c'est ce qu'il y a de plus simple. Les règles à respecter vont dépendre des groupes.
En bref, un chien est leader ou guidé dans une situation bien précise, avec un contexte et face à un autre chien bien précis. Dans ce contexte, les 2 postures sont saines et nécessaires aux rapports sociaux de l'espèce. Elles sont subtiles et passionnantes à observer.
Les rapports interspécifiques ne peuvent suivre la même logique, tout d'abord car les espèces ont des modes de communication différents. Avec l'homme, des règles de vie claires doivent être établies, tout en permettant à l'animal de s'exprimer et d'être “chien”.
Vous pouvez désormais sourire intérieurement face à quelqu'un qui vous dit en balade “mon chien est dominant, n'approchez pas !”. Peut-être qu'il s'agit plutôt d'un problème de comportement à adresser, bien au-delà d'un trait de personnalité …
Si vous avez besoin de mieux comprendre les interactions de votre chien avec les autres, n'hésitez pas à me contacter.
Sources : les excellents livres de Barry Eaton “Dominance, mythe ou réalité ?” et Ádám Miklósi “Dog behaviour, evolution and cognition”