Qu'est-ce qu'un chien résilient ?

Qu'est-ce que la résilience ? 

Le stress peut être défini comme une réaction à un changement, qui agit en déclencheur (aussi appelé “stresseur”). Le stress a, à la base, a une fonction adaptative qui est très utile pour la survie. Il nous permet par exemple de rechercher de la nourriture, de fuir face à un danger, etc. Il y a différents types de stress : 

• Le “bon stress” (aussi appelé “eustress”) : il s'agit d'un challenge sain qui a un impact positif pour l'individu une fois surmonté. Par exemple, un apprentissage en agility, de la recherche olfactive, … On le rencontre dans tous les petits défis du quotidien. 
• Le stress tolérable : contrairement au l'eustress, le stress tolérable est une expérience négative, mais que l'individu arrive à surmonter
• Le stress toxique : expérience négative, face à laquelle l'individu n'arrive pas à s'adapter. Présenté chroniquement, ce type de stress provoque des soucis de mémoire, de cognition, et peut impacter la santé de l'animal, allant jusqu'à diminuer son espérance de vie. 

Ce n'est pas le type de stresseur qui nous dit quel type de stress affronte l'animal : c'est la réaction que l'animal a face à lui. Cette réaction est directement liée à sa capacité à gérer le stress au global. Cette capacité fondamentale est appelée résilience. 

Les composantes de la résilience 

Pour aider son chien à devenir plus résilient, on va regarder différents axes : 

• La prédictibilité 
• Le contrôle
• Le support social 
• La décompression
• L'enrichissement
• Des méthodes de travail respectueuses

Par ailleurs, nous pouvons souligner que pour qu'un animal arrive au maximum à gérer le stress au global, il doit au préalable être en bonne santé : par exemple, les douleurs peuvent être une source de stress chronique toxique. Est-ce pour autant impossible d'améliorer la situation pour un chien douloureux ? Cela dépend des cas, mais cela est long, et (encore plus) difficilement prédictible.

La prédictibilité

Cet axe part du principe qu'un élément stressant peut être mieux toléré s'il est annoncé et prévisible. Le chien qui comprend ce qui se passe, va être plus apte à réagir. Pour que cela soit valable, cette notion doit aller de pair avec le contrôle sur ce qu'il se passe. 

Un élément phare pour garantir la prédictibilité est une routine stable. Si celle-ci n'est pas possible dans votre quotidien, on essaiera au maximum que le chien comprenne ce qu'il va se passer, via des signaux visuels ou auditifs. Certains exercices appelés “pattern games” peuvent aussi apprendre au chien des séquences répétitives qu'il pratique d'abord dans un environnement sécuritaire, avant de très progressivement, lui proposer ces jeux dans d'autres endroits.

Bien sûr, le quotidien n'est pas toujours prévisible : cela peut se travailler progressivement également.

Le contrôle 

Le chien doit pouvoir comprendre qu'il est écouté, que son comportement influence ce qu'il se passe. Pour cela, il va nous falloir : 

• Arriver à lire le langage corporel du chien pour comprendre son état émotionnel 
• Arrêter les expériences déplaisantes si le chien manifeste de l'inconfort, et les éviter autant que possible le temps de travailler 
• Faire attention au consentement du chien 
• Donner le choix : direction en balade, choix de jeux, choix de s'éloigner d'une situation compliquée à gérer
• Récompenser tout comportement spontané qui va dans le bon sens (mais non demandé, et non guidé), de l'exploration vers un stresseur par exemple ; certains chiens ont du mal avec les encouragements verbaux et l'usage de nourriture pour l'attirer vers un endroit difficile, cela leur met trop de pression. 

Cette liste peut être complétée selon les individus.

Le support social

N'oublions pas que le chien est un animal social. Plusieurs études ont montré que la présence d'un individu calme avec lui (chien et/ou humain, cela dépend des chiens) lors d'une balade par exemple, pouvait l'aider à mieux appréhender la situation. Cela n'est bien sûr valable que si la situation est facile pour le chien. Toutes les composantes de la résilience se complètent entre elles ! 

On peut par exemple : 

• Aller se balader avec un copain chien
• Rester à une distance confortable d'un stresseur avec son chien et le regarder calmement avec lui, en le caressant de temps en temps (s'il aime ça)
• Etre là pour lui et le rassurer dans les moments difficiles inévitables
• Le jeu peut également aider dans certaines situations 

Attention, cela ne veut pas du tout dire pour autant qu'il faut adopter un second animal si le premier a des problèmes de comportement. Juste qu'on peut, dans certaines situations bien définies, utiliser le support social comme un outil parmi d'autres pour favoriser le progrès. 

La décompression

La capacité à faire descendre la pression, puis à se relaxer, est fondamentale pour qu'un chien vive mieux son quotidien. 

On peut par exemple : 

• Faire travailler son flair pour le faire redescendre après un évènement stressant (ou pour arriver à l'éviter)
• Le mettre dans des situations relaxantes toujours avec son flair, en lui organisant un “sniffari” : une balade où on le suit en silence, où il renifle tout ce qu'il veut renifler, dans un environnement nouveau (s'il aime ça) et sans stresseurs aux alentours 
• Introduire un endroit “repère” qui lui servira de base sécuritaire (un matelas souple par exemple, un plaid sur le lit, …) ; un endroit où personne ne viendra jamais le déranger ; …
• Encourager tous les moments de calmes présentés spontanément 

L'enrichissement

L'enrichissement, ce sont toutes ces petites activités du quotidien que l'on peut proposer à son chien pour que son quotidien soit plus riche, plus varié, plus intéressant, plus plaisant. En plus de favoriser le bien-être de votre animal, peut l'aider à développer sa confiance en soi. L'idée est de provoquer une activité plaisante et qui est un défi, que le chien arrive à relever. Le but est de le rendre plus optimiste, et de lui faire comprendre qu'il est capable de faire des choses. En bref, on provoque du bon stress.

Encore une fois, les activités de recherche olfactives sont excellentes dans ce cadre ! Attention néanmoins à la difficulté de l'exercice proposé : il faut que ce soit un challenge, mais sans frustration pour autant.

L'importance du choix de la bonne approche 

Un bon professionnel vous aidera à comprendre le langage corporel de votre chien, à respecter son seuil de tolérance, en proposant des exercices faciles, dont la complexité évoluera très progressivement. Il aura une approche individuelle et saura également prendre en compte … votre propre résilience ! Les approches coercitives (utilisant la punition) sont à proscrire absolument, sous peine de plonger votre animal dans un surplus de stress toxique qui sera néfaste pour son bien-être et sa santé. 

Quel rapport avec la solitude ?

Le stress active des mécanismes du cerveau qui sont les mêmes quels que soient les stresseurs. Une balade en extérieur difficile, des invités qui font peur, une anxiété de séparation, … Tous ces évènements sont des sources de stress. Nous appliquons les mêmes fondamentaux pour l'ensemble des problématiques, mais le plan d'entraînement et les conseils précis varieront grandement selon les cas, pour trouver l'approche qui vous correspond le mieux possible. N'hésitez pas à me contacter pour en savoir plus !

Sources : 

• Webinar Behavior Vets - “Building Resilience for Adolescent Dogs”
• “The stress factor in dogs” - Dr Kristina Spaulding (et toutes les études citées dans ce livre, que je vous recommande vivement)