Les sens du chien conditionnent sa perception du monde et tous les comportements qui en découlent. Nous le savons depuis longtemps, le chien a un odorat bien supérieur au nôtre : et nous l'exploitons dans bien des domaines, de la détection de corps jusqu'au diagnostic de cancers. Comment alors utiliser ces capacités extraordinaires, pour réorienter le comportement de Médor ?
Pourquoi l'odorat du chien est-il si puissant ?
Le “nez” du chien est composé de narines par lesquelles passe l'air, chargé de substances chimiques odorantes. Ces substances sont captées par les quelques 100 à 300 millions de récepteurs de la muqueuse nasale ; en comparaison, l'homme en possède 5 millions. Les zones du cerveau dédiées à l'interprétation de cette information (lobes olfactifs) sont 40 fois plus grandes que celles de l'homme. Il capte notamment très bien les molécules présentes dans notre sueur, ce qui explique en partie le fait qu'ils sentent très bien notre peur.
Un chien est capable de sentir un passage ou une présence plusieurs heures, jours jusqu'à plusieurs semaines, le temps que les dernières molécules chimiques subsistent dans l'environnement. Pas étonnant qu'il retrouve vite le trajet du retour à la maison si vous faites simplement demi-tour sur un trajet qui est tous les jours le même.
Le développement des sens chez le chien
A la naissance, le chiot est sourd et aveugle. Il se sert de son odorat pour trouver sa mère, et notamment ses mamelles. C'est son premier repère dans son monde, qui explique en partie qu'un chien sourd et/ou aveugle continue à s'adapter (quand on lui en donne les moyens).
Toute sa vie, l'odorat permettra au chien de :
trouver son chemin
trouver sa nourriture et son eau, en apprécier la qualité
trouver ses partenaires sexuels
identifier les éléments connus et inconnus, et donc avoir des repères
communiquer avec ses congénères
En bref : le monde de l'humain est visuel et tactile ; le monde du chien est olfactif. A noter que plus le museau est long, plus sa capacité olfactive est puissante. Les bouledogues sentiront ainsi moins bien qu'un lévrier ou qu'un berger allemand.
Le rôle de l'olfaction dans la communication chimique
En plus des éléments physiologiques déjà cités, le chien dispose de l'organe de Jacobson, au dessus du palais, permettant de capter les phéromones. Les phéromones sont des “substances chimiques, qui, émises à dose infime par un animal dans le milieu extérieur, provoquent chez un congénère des réactions comportementales spécifiques.” (Larousse) Ces molécules activent des zones différentes dans le cerveau par rapport aux odeurs classiques, responsables de comportement en lien avec l'activité sexuelle, sociale, et sécuritaire. Il y a plusieurs types de phéromones (valable chez le chat également) :
phéromones d'attachement et d'apaisement : entre la mère et le chiot
phéromones sexuelles : pour rapprocher les potentiels partenaires, via l'urine et les sécrétions sexuelles
phéromones d'identification des partenaires sociaux (connus)
phéromones d'alarme : émises par réflexe via les glandes anales et les coussinets, pour prévenir les autres d'un danger
Ces phéromones sont perçus à des endroits stratégiques que les chiens reniflent lors des rencontres : anus, sexe, dessous de la queue, mais aussi une partie de la tête. De la même façon, votre chien vous renifle souvent les aisselles : il y cherche juste de l'information de façon normale !
Il faut donc impérativement laisser deux chiens qui se rencontrent de près se renifler poliment ! Cela n'a rien de sale, cela est nécessaire à leur entente, le fait qu'ils ne le fassent pas est plutôt alarmant. Ils trouvent sur l'arrière-train beaucoup d'informations sur leur congénère : âge, sexe, maturité sexuelle, caractère, … L'expression “Celui là, je ne peux pas le sentir” prend alors tout son sens !