La thérapie comportementale pour l'anxiété de séparation

Vous avez découvert que votre chien souffrait d'anxiété de séparation ou de détresse d'isolement. Rien n'a marché jusqu'ici : laisser votre odeur, mettre la télé, lui laisser de l'occupation … Comment faire pour régler ce soucis ?

L'usage de la nourriture / des distractions : la fausse bonne idée

Si vous avez une peur bleue des tigres, du vide, de l'avion … Si je vous agite sous le nez votre sucrerie préférée alors que votre stimuli est là et que vous paniquez, il peut alors y avoir différents scénarios : 

• Vous ne prêterez pas attention à cette sucrerie, la peur prend le dessus ; 
• Ou : vous la mangez par automatisme, mais assez frénétiquement, et une fois finie, la peur est bien sûr toujours là ; 
• Si je fais cette expérience à répétition, vous ne voudrez plus entendre parler de cette sucrerie qui deviendra associée à cette expériente traumatisante 

Vous pourriez vous demander “Oui mais .. le chien est capable d'associer des stimuli à des choses positives, on peut le conditionner, non ? Objet de la peur = super friandise ?”. Bonne idée, mais le mécanisme que vous souhaitez utiliser marche dans l'autre sens : la perception du stimuli prédit un élément positif, ce qui va progressivement inverser l'émotion. L'apparition du stimuli doit avoir lieu AVANT l'apparition de l'élément positif. En revanche, lorsque vous partez, vous donnerez obligatoirement la récompense avant de partir … Le timing n'est pas le bon. De plus, lorsque l'on conditionne, on cherche à obtenir une réponse positive automatique. 

Votre chien est un animal qui a besoin de votre présence de par son besoin d'attachement. Il ne sera donc jamais ravi lorsque vous partez (sauf à la rigueur si vous avez eu recours à des méthodes coercitives ou si le climat est lourd à la maison). Ce que l'on cherche à obtenir, c'est l'équivalent d'un “bon, mon humain part, faisons avec … je n'aime pas trop ça mais je vais attendre son retour, ce n'est pas si grave”.

Pour les chiens qui mangent ce qu'on leur donne pour tenter de les occuper et qui déclenchent leur panique après avoir terminé, la nourriture pourra en revanche servir lors d'une urgence (vous devez vous absenter brusquement sur un court laps de temps et ne pouvez faire autrement). Mais ce n'est pas une réponse durable pour que votre chien devienne serein lors de vos absences.

S'entraîner en désensibilisant

Pour provoquer cette réponse émotionnelle totalement neutre ("boarf, ok, je vais attendre .."), le chien doit progressivement ré-apprendre à rester seul. Par progressivement, j'entends le fait que le chien ne doit plus être exposé à sa peur à un seuil qu'il ne peut tolérer : si votre chien ne supporte que 3 minutes de solitude, il ne devra pas être laissé seul au-delà. En effet, si vous avez peur du vide, que je vous entraîne sur un tabouret puis que soudainement je vous met en haut de la Tour Eiffel, l'entraînement n'aura servi à rien.

Si votre chien ne supporte pas même le fait que vous vous leviez pour aller jusqu'à la porte, nous commencerons par des exercices uniquement à l'intérieur.

Nous devrons l'exposer tout doucement, par toutes petites tranches successives. Suspendre vos absences est donc un passage obligé. Plusieurs solutions existent : voisins, étudiants, famille, amis, pet sitters, télétravail … Elles seront souvent mélangées pour couvrir toutes les situations nécessaires. C'est contraignant. Mais c'est possible, et c'est la seule solution qui a des chances de marcher en respectant à la fois le chien et l'humain. N'essayez pas de suspendre du jour au lendemain : vous pouvez vous lancer de petits défis progressivement. Cette semaine, on fait ½ journée sans le laisser seul … Puis 1 jour, 2 jours, etc. Jusqu'à couvrir la semaine entière. Ce sera déjà un grand progrès !

Qu'est-ce qu'un bon plan d'entrainement ?

Un plan d'entrainement est constitué : 

• d'exercices courts, précis, et réguliers (4 à 5 fois par semaine), permettant d'exercer le chien sans le déclencher ; ces exercices seront complexifiés très doucement
• d'une observation fine du langage corporel du chien  (pour repérer s'il est en dessous ou au dessus de ce fameux seuil)
• du matériel adapté pour observer votre chien (caméras judicieusement positionnées)
• d'une gestion des absences adaptée à la famille 
• d'une façon d'obtenir du soutien pour faire également attention vos propres émotions, et factualiser la réussite
• de supports pour agréger les données factuelles au fur et à mesure des exercices (vos notes, des courbes de progression, etc.)

La façon dont le chien va réagir va déterminer la suite des plans d'entraînement. Il faudra donc pouvoir le filmer. Vous devrez ajuster le plan au fur et à mesure. Les exercices sont définis très précisément : pas question de passer de 1 minute d'absence réussie à 2 minutes d'un seul coup. Il faudra y aller plus progressivement, certainement avec plus ou moins d'échauffements selon le chien, et apprendre à réagir en direct selon le déroulé. Cela ne s'improvise pas, mais vous pouvez l'apprendre, notamment avec un suivi par professionnel spécialisé.

Pourquoi je n'ai jamais entendu parler d'une telle approche ?

Les sujets autour de la solitude sont encore assez mal connus en France. La littérature sur le sujet est récente et principalement rédigée en anglais. La méthode expliquée est certes contraignante, longue, mais elle permet au cerveau de ré-apprendre en douceur.

Je précise que la désensibilisation n'est pas forcément adaptée à tous les cas de chiens qui détruisent/aboient lorsque laissés seuls. Une analyse préalable est nécessaire pour déterminer s'il s'agit bien d'anxiété. Pour en savoir plus, vous pouvez réserver votre appel gratuit en visio !