Comme beaucoup d'entre vous, mon chien a eu des problèmes avec la solitude par le passé. Chaque cas étant différent, ce témoignage n'a pas vocation à servir d'exemple, il illustre simplement le parcours de mon loulou et vous aidera peut-être à vous sentir moins seuls.
Le contexte
Notre cas est malheureusement un grand classique. Moka est un corgi Pembroke de désormais 3 ans et demi (j'écris cet article le 13/09/2023). Nous l'avions adopté 2 jours avant le confinement du Covid (les dates sont une pure coïncidence, il s'agissait d'une décision réfléchie). Chiot, il n'a jamais présenté de soucis avec la solitude - ou alors nous ne l'avions pas détecté. A l'époque, je ne connaissais rien au monde canin et n'étais pas du tout formée en éducation et comportement animal. J'étais une humaine lambda, qui découvrait la charge immense que cela représente d'avoir un chien, en ayant tendance à m'affoler pour rien.
Moka a commencé à détruire quand nous partions aux alentours de 10 mois. Tout particulièrement les murs, les plinthes, et le canapé. Je ne savais pas à l'époque quels étaient réellement les besoins d'un chien de cet âge, en tous cas de MON chien. Il n'était pas totalement adulte et personne n'arrivait à me répondre clairement sur ses besoins en terme de balade, car je le trouvais un peu jeune pour l'emmener faire une énorme sortie (ça me fait bien rire avec le recul, mais on commence tous par apprendre quelque part, n'est-ce pas ?). J'ai donc fait appel à une éducatrice, qui m'a juste expliqué qu'il fallait plus dépenser mon chien en milieu naturel. Ni une ni deux, je me dépêche de passer le permis pour pouvoir l'emmener en forêt. Un changement de rythme a permis de régler le soucis … pour cette fois.
Mais ensuite …
La vie continue, ses aléas aussi. Je dois déménager très rapidement après une séparation, et il était convenu dès le départ que Moka était de mon chien et qu'il me suivrait quoi qu'il arrive. Nous partons donc tous les deux dans un appartement plus petit, néanmoins dans un quartier assez proche - je me disais que cela lui permettrait de garder certains repères. Nous avons déménagé en moins de 10 jours. C'était précipité, j'essayais de tout gérer, mes émotions comme l'aspect logistique, en plus d'essayer de répondre correctement aux besoins de mon chien. Je faisais juste comme je pouvais. Moka a assisté aux cartons, au déménagement, au déballage, … dur pour ce petit berger qui apprécie de comprendre et contrôler les mouvements.
Je reprends mon rythme avec mon travail habituel, mais Moka reste nécessairement plus souvent seul que d'habitude, même si cela lui arrivait régulièrement d'être avec lui-même pendant quelques heures auparavant. J'ai anticipé en faisant appel à un pet sitter qui lui faisait de belles ballades en groupe qui le fatiguaient bien. Ses journées étaient ainsi bien coupées et je ne travaillais sur site que 2 jours par semaine. Bref, sur le papier, ça devait bien se passer.
Seulement Moka s'est mis à déchirer tout ce qui était en papier et à sa portée (pas bien haut vu qu'il s‘agissait d’un corgi, mais quand même), et à hurler pendant mes départs. J'entamais ma formation en éducation et comportement en parallèle de mon emploi. Tout le monde me parlait d'anxiété de séparation, d'hyperattachement : des mots qui me faisaient peur ! Ca ne faisait pas grand sens pour moi, car je n'avais vraiment pas l'impression d'avoir un chien anxieux ou peureux. Il vivait sa petite vie de façon très autonome et avait une grande confiance en lui : prenait plein de décisions en balade, arrivait bien à s'occuper si j'étais dans une autre pièce, détestait dormir avec moi, et filerait avec le premier venu qui a un bout de saucisse dans la poche. Seulement voilà, mes départs restaient très compliqués, et je ne comprenais pas pourquoi. J'en avais mal au ventre devant mon ascenseur. Mon analyse de l'époque était fort incomplète, mais cela manquait de logique pour moi.
Désireuse d'en savoir plus, j'ai acheté une caméra à bas prix pour récolter des données. J'ai tout noté. J'ai commencé à observer que, curieusement, il ne paniquait que pendant un peu moins d'une minute puis se posait. Que certains départs se passaient très bien, c'est tout juste s'il levait la tête parfois. Quand je partais au travail (toujours à la même heure) en lui donnant sa nourriture juste avant, il mangeait à un rythme normal et retournait se coucher ensuite. J'ai alors testé de lui donner des petites choses à chercher ou à mastiquer avant de partir, et il ne déclenchait pas si je faisais cela. J'ai aussi remarqué que le pire pour lui, c'était l'arrivée d'un livreur de repas. Dans cette séquence, le livreur appelle et je dois partir d'un coup, en enfilant mes chaussures très vite. Ce scénario déclenchait assurément des “cris au loup”, qu'il ait bien été dépensé avant ou pas. Il ne déclenchait pas non plus s'il était laissé seul chez mon frère avec sa chienne - il les sort beaucoup en forêt quand il est en garde là-bas. Si des amis venaient à la maison, il avait également du mal à les voir partir sans lui : ce n'était pas lié qu'à moi ou qu'à la solitude.
J'ai déduit de mes notes plusieurs choses :
Beaucoup de récoltes de données, pour des solutions assez simples, au final … Moka reste encore aujourd'hui sensible aux départs, mais uniquement s'il traverse une période compliquée pour lui. Typiquement, cela peut m'indiquer désormais … une douleur. Le reste du temps, tout va bien maintenant.
Avec le recul et après ma formation
J'ai fait une formation spécialisée très axée sur la désensibilisation systématique et le réapprentissage lent. J'ai testé par curiosité le début du protocole avec Moka, et la répétition de petites étapes le plongeait dans une incompréhension assez explicite, j'ai donc vite arrêté vu que j'avais trouvé des éléments de gestion suffisants pour moi et surtout pour lui.
Je retiens de cette expérience les éléments suivants :
Pour certains qui ont vécu le parcours si long qu'est la rééducation, mon cas semblera minime. Je pense qu'il ne faut jamais sous-estimer la panique de l'humain quand son chien a un soucis, surtout si cela se produit pendant une période de fragilité. Accueillons ce que l'on ressent. Et merci à mon petit Moka pour ces apprentissages.
Votre chien rencontre des soucis pour rester seul ? N'hésitez pas à me contacter.